La FORET DE FATHALA ( vers Missira ) en moto !

Publié le par OBI NO MAG DAN Sémou DIOUF

Forêt de FATHALA vers Missira

Rencontre

 

Il a plu cette nuit sur la terre rouge de Missira. L’air alourdi flotte, il oscille lentement entre les cases, se pose opaque et s’étale sur les feuilles grasses des anacardiers, les grandes fougères se sont gorgées jusqu’à plus soif et maintenant , laissent goutter de toutes leurs fibres,  l’excédent du festin nocturne.          Arpenter la ruelle où s’éveillent les échoppes  minuscules, prend des allures de marelle géante, où le jeu consisterait à éviter les flaques en sautant de gauche à droite avec plus ou moins de bonheur à l’atterrissage.

Au bout, bien rangées , alignées perpendiculaires à une lice de bois usé, les motos sont là ; polies, décorées, bichonnées, encocardées de stickers et de chromes, les guidons organisés comme autant de cornes , les croupes de Skye noir luisantes au soleil du matin. Un comice agricole. Elles soufflent et trépignent de leurs 50 Cc aux senteurs de pétrole.

Le troupeau s’ébranle, sonore et odorant, laissant dans le corral vide une vapeur indécise qui finit par se dissiper au moment où nous nous engageons sur la piste forestière.   Le terrain est glissant, mais nos montures dociles et courtes sur pattes se tortillent facilement, aidées de temps en temps d’un pied gauche ou droit suivant l’obstacle. Le parcours se transforme en balade.  La forêt s’ouvre à nous. La piste s’insinue , rouge, sous les grandes feuilles d’un vert humide.  La roue avant éclabousse d’ocre mes chaussures de toile, je serre les poignées du guidon instinctivement pour garder le cap, mais rien ne me distraira de la contemplation dans laquelle je suis plongé .  Bouche ouverte, j’avale tout, je me goinfre de verts et de troncs tourmentés, de lianes aux feuilles pointues, d’écorces sombres à la barbe ruisselante. Mes yeux s’écarquillent et se plissent, le soleil nous joue un symphonie de pastels à travers les branchages et , d’un seul coup, comme une percussion sur un air de violon, éclate et nous inonde, puis disparait de nouveau en lambeaux tamisés.

Sur un geste de Sémou , notre guide, je coupe les gaz et stoppe mon engin. Les pieds écartés, je suis son index et grimpe le long d’un fût gigantesque de caïlcedrat  (bois dont ils font les pirogues), les longues branches touffues sont agitées , mais je ne vois rien .   Le bruit reprend, confus et invisible, il tourne , se rapproche et court dans la canopée percée de lumière, et , là, en contre- jour, la main en visière sur les yeux, je les vois. Trois singes au pelage sombre et longue queue, totalement indifférents à notre présence. Je les vois tendre leurs  maigres bras vers des rameaux souples, appréhender  je ne sais quoi de vert comme le reste ,et le tirer vers eux jusqu’à ce que leur convoitise se détache et fasse fouetter la branche sur laquelle elle était fixée dans un froissement de bois et de feuilles faisant pleuvoir quelques déchets sur le sol humide. Ils grignotent et recrachent, rattrapent une branche, la goutent et s’y balancent, puis s’arrêtent de nouveau pour repartir encore dans le même bruit inconnu jusque-là.       MAIS QUE JE NE L’OUBLIERAI PAS

 

Dominique en forêt de Missira septembre 2010

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